samedi 14 avril 2012

Le point sur la sècheresse.

S’il est encore trop tôt pour prévoir l’intensité de la sécheresse dans les mois à venir, la vigilance s’impose :

à l’échelle du bassin Adour-Garonne le déficit pluviométrique hivernal succède à la sécheresse automnale 2011. Le débit des cours d’eau et le niveau des nappes sont particulièrement bas pour la saison.

Situation hydro-climatique
Le mois de février 2012 a été extrêmement sec : les précipitations représentent généralement moins de 20% de la normale sur toute la moitié sud du pays (généralement moins de 10 mm de pluie). Ce mois de février est le plus sec depuis 60 ans sur Toulouse et Montauban. Il occupe le 2ème rang à Bordeaux.

Sur les mois de septembre 2011 à février 2012, la pluviométrie est inférieure de 25 à 50% à la normale sur la quasi-totalité du quart sud-ouest de la France. Sur la région de Montauban le déficit atteint même 75%. La situation est plus sévère qu’en 2011 à la même époque.
Les précipitations efficaces (c'est à dire l'eau disponible pour l’écoulement et la recharge des nappes) présentent un déficit globalement marqué sur le bassin Adour-Garonne, plus important en Midi-Pyrénées (50% à 75%) qu’en Aquitaine (25 % à 50 %).
Les sols superficiels sont particulièrement secs dans le nord de la Haute-Garonne, le Tarn-et-Garonne et l’ouest du Tarn.

A la fin mars
Les pluies enregistrées principalement entre le 17 et le 22 mars sont insuffisantes pour atténuer la sécheresse observée depuis plusieurs mois.
Le déficit pluviométrique du mois de mars est à nouveau très marqué sur l’ensemble du bassin Adour-Garonne. Il a plu :
4 à 5 fois moins que la normale à Mont de Marsan (18 mm par rapport à 75 mm) et Cognac (12 mm par rapport à 56 mm),
près de 3 fois moins que la normale à Agen (16 mm par rapport à 53 mm), Tarbes (34 mm par rapport à 93 mm) et Toulouse (20 mm par rapport à 54 mm),
2 fois moins que la normale à Bordeaux (31 mm par rapport à 70 mm).
Sur la région toulousaine, le déficit pluviométrique entre octobre 2011 et mars 2012 est le plus important observé depuis 1960.
Cet épisode de sécheresse hivernale fait suite aux sécheresses printanière et automnale de 2011 (succession qui rappelle la séquence 89-91).

Débits des principaux cours d’eau
A l’image du déficit de précipitations, le débit des cours d’eau est inférieur à la moyenne sur tout le bassin Adour-Garonne. Les débits du mois de février sur les bassins de la Charente, de la Dordogne, du Lot et de la Midouze étaient globalement deux fois plus faibles que la moyenne interannuelle. La situation hydrologique du bassin de l’Aveyron était encore plus déficitaire, les débits étant localement cinq fois plus faibles que la moyenne.
Au 28 mars, malgré les épisodes pluvieux de la seconde quinzaine du mois, la Garonne présentait des débits inférieurs à ceux de 2011 à la même période. Les débits à l’amont de la Garonne sont proches des valeurs quinquennales sèches mais plus à l’aval les débits tendent vers les records secs des dernières décennies.
État des nappes
Le niveau des nappes est inférieur à la normale sur l’ensemble du bassin de la Garonne et de la Charente. La recharge des nappes reste actuellement très limitée (voire non effective) ce qui peut être problématique pour l’étiage à venir. Seules les nappes alluviales de l’Adour et du Gave de Pau présentent des niveaux proches de la normale pour cette période de l’année.
Remplissage des réserves
Les perspectives de remplissage complet des réserves de soutien d’étiage sont contrastées (sud Aquitaine : situation favorable, Midi-Pyrénées : situation parfois critique, par exemple pour les réservoirs des bassins du Dropt et du Girou). Sur le bassin de la Charente, les taux de remplissage de Mas Chaban et Lavaud étaient respectivement fin février de 80% et 49%.
Un déficit important de remplissage est également constaté pour les retenues collinaires.
Besoins en eau pour l’agriculture
La sécheresse des sols étant prononcée (y compris localement celle des sols profonds dont la réserve utile est importante), l’irrigation des cultures d’hiver devrait démarrer précocement, comme en 2011, dès le début du mois d’avril.
En l’absence de stock de fourrage, et après une année 2011 critique, la situation est délicate pour les éleveurs qui risquent à nouveau de rencontrer des difficultés pour nourrir leur bétail.
Depuis le 28 mars la FNSEA a activé sa cellule sécheresse pour venir en aide aux agriculteurs.

Perspectives
Si la fonte du confortable manteau neigeux pyrénéen devrait progressivement soutenir les débits des cours d’eauconcernés, la situation actuelle impose une certaine vigilance, d’autant que la végétation en pleine croissance et en avance (avec des besoins en eau de plus en plus importants) risque de rendre les éventuelles pluies à venir moins efficaces pour la recharge printanière.
Les prévisions saisonnières de Météo France pour avril–mai–juin font état de températures moyennes probablement supérieures aux normales de saison, mais aucun scénario ne se dégage concernant les précipitations.
Si le déficit pluviométrique perdurait au printemps la situation pourrait devenir très critique. Mais il est encore trop tôt pour prévoir la sévérité de l’étiage à venir. La pluviométrie printanière (en général la plus abondante) sera déterminante.


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