lundi 11 octobre 2010

Water Makes Money : les dessous du commerce de l'eau

Le film Water Makes Money (Leslie Franke et Herdolor Lorenz) est diffusé depuis le 23 octobre un peu partout en France et à l'étranger par les associations de défense de l'eau publique.

Quelques réactions :
Blog de Nadja

Le film de l’automne : Water Makes Money
Une co-production de KERNFILM avec Achille du Genestoux et La Mare aux canards de Leslie Franke et Herdolor Lorenz en coopération avec Christiane Hansen, Jean Luc Touly,Marc Laimé, Markus Henn et aquattac.

Un film digne des meilleurs polars où il est question de la gestion de l’eau par Veolia et Suez, de ce fameux  modèle français de l’eau,  de la corruption institutionnalisée au cœur du pouvoir financée par les citoyens , droits d’entrée, contrats secrets,  pantouflage (l'échange avec l'entreprise privée de managers en place à des postes-clés et issus de la bureaucratie d'État. Stéphane Richard, auparavant chef de Veolia Transport, est depuis 2007 directeur de cabinet au ministère de l´économie et des finances. Le PDG de Veolia, Henri Proglio, entretient des liens très amicaux avec Rachida Dati, la ministre de la Justice, ce qui lui procure un excellent contact direct avec le gouvernement Sarkozy/ Fillon. Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères en 2002, puis ministre de l'Intérieur et enfin Premier ministre entre 2005 et 2007, pantoufla brièvement chez Véolia comme conseiller international. Sylvain de Forges, directeur financier de Veolia depuis 2003, est en même temps PDG de la puissante Agence France Trésor, l'organe du Ministère des Finances chargé de la gestion du patrimoine et des dettes de l'État. Rainier d'Haussonville, l'actuel directeur de Veolia pour les Affaires européennes, a été jusqu'en 2004 chef du Secrétariat général des affaires européennes au Ministère des Affaires étrangères, avant d'être nommé Conseiller aux affaires économiques européennes dans le Cabinet du Premier Ministre (2005-2007). Le politologue Gérard Le Gall, conseiller du premier ministre Jospin pour les sondages d'opinion, a quitté son poste à l'université en juin 2004 pour rejoindre Suez. Jean-Pierre Denis, chef de Dalkia, le pôle Énergie de Veolia-Environnement, après avoir démissionné de son poste de secrétaire général adjoint de l'Elysée, est resté conseiller de Jacques Chirac. Avant la dernière élection présidentielle de 2007, Eric Besson était, avant de s'allier à Sarkozy, responsable du programme économique du parti socialiste. Auparavant, entre 1998 et 2002, il avait été à la tête de la Fondation Vivendi (aujourd'hui Véolia)…. On y aborde aussi le problème de la  dégradation de la qualité de l’eau  auquel ces multinationales ne proposent  qu’une seule solution : le traitement  par leurs services. Le film met en évidence l’incurie ordinaire dans l’entretien des réseaux d’adduction : nul besoin de combler les fuites puisque le citoyen paie les m3 perdus, nul besoin de garder le personnel d’entretien  puisqu’il suffit de chlorer ! Dans un mémorandum à l'adresse du commissariat européen à l´environnement de fin 2007, Veolia pose la question : « peut-on justifier que le client paie un prix de l´eau plus élevé à cause d´une gestion protectrice » (mesures prises pour réduire la consommation d´eau, pour la protection des eaux souterraines) » alors que l'exploitation de nouvelles ressources revient moins cher ? » En d´autres termes, lorsque la remise en état de tuyaux défectueux, et l´utilisation à long terme des eaux souterraines existantes revient plus cher que le recyclage des eaux de surface, que l´assainissement des eaux usées ou que le dessalement, pourquoi réparer des tuyaux et protéger les eaux souterraines ? 


Pourquoi parler de développement durable si ces mesures réduisent la consommation de l´eau et de ce fait les bénéfices de Veolia ? ! 
Officiellement, et surtout en Allemagne, Veolia revendique cette étiquette, écrit des rapports détaillés sur le développement durable et proclame des prestations brillantes en matière d´environnement. Comment expliquer cette image alors qu´à Bruxelles sa politique est uniquement orientée vers le profit et ignore ces mêmes ressources naturelles ?

Désespérant, désarmant, ce film ? Non, car heureusement leurs auteurs nous présentent toutes les alternatives déjà en marche un peu partout en Bolivie, en France, en Allemagne aux Etats-Unis…Plus de 90% de la gestion des eaux en Allemagne se fait en régie communale. L´eau potable n´y est chlorée que dans des situations exceptionnelles, En France, où les opérateurs privés distribuent plus de 80% de l´eau, c’est la règle. Des villes comme Grenoble, Bordeaux, Toulouse, Paris ont mis en évidence l’échec du modèle français de l’eau et prouvent la nécessité d’un retour à la gestion directe véritable alternative démocratique et économique pour la préservation de la réserve en eau et  sa qualité et la  protection de la santé des consommateurs. Une solution à portée d’élus responsables et intègres. Un film  intelligent  financé par les contributions des citoyens, réquisitoire implacable, à faire circuler le plus largement possible.

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